Commentaire : Un patron d'entreprise mérite-t-il de gagner plus d'argent que son employé ?! | Eric Larchevêque
Je commente la récente vidéo publié par Eric Larchevêque. Une vidéo dans laquelle il parle de la réalité de l’action entrepreneuriale, le risque, les incitations individuelles et le salaire égal.
L’entrepreneur Eric Larchevêque a récemment publié une vidéo dans laquelle il parle de la réalité de l’action entrepreneuriale, le risque accepté par l’entrepreneur et le bouleversement des effets incitatifs individuels à poursuivre l’illusion de l’égalité des salaires.
L’entrepreneur
“Le “Roi” dépend de l’industrie où il travaille et de la clientèle qu’il fournit. Ce “Roi” doit rester en faveur auprès de ses sujets, les consommateurs; il perd sa “royauté” dès qu’il n’est plus en mesure d’assurer à ses clients de meilleurs services, et de les fournir à moindre coût que les autres industriels avec lesquels il est en concurrence.” - Ludwig von Mises - Politique économique
La première partie de la vidéo est consacré à la notion du risque très liée à l’action entrepreneuriale. “L’entrepreneur est celui qui accepte de prendre les risques de ne pas réussir à vendre”. Cette affirmation est vrai, car la valeur est toujours déterminée par le consommateur, qui valide ou non l’action de l’entrepreneur en consommant, ou en s’abstenant de consommer, ce que l’entrepreneur lui propose sur le marché.
L’entrepreneur n’est pas un acteur économique comme les autres, c’est un visionnaire doté d’une faculté unique à se projeter, à saisir les opportunités et à anticiper les besoins du marché et en organisant la production en conséquence. Il est d’autant plus remarquable qu’il accepte le risque, mais aussi l’investissement en énergie et en temps que requiert la concrétisation d’une “idée” dans le “réel”.
Quant au salaire, celui-ci est déterminé par la relation entre la production du travail et la durée du processus productif. Chaque salaire versé récompense non pas le travail actuel, mais une avance sur la valeur projetée de celui-ci. C’est ce que nous apprend, entre autres choses, les travaux d’Eugen von Böhm-Bawerk sur la structure du capital et le rôle du temps dans l’investissement capitaliste : L’entrepreneur paye ses salariés sans savoir si leur travail est réellement productif. Il assume ainsi le risque que le travail ne soit pas “acheté” par le marché, et donc la perte associée. On comprend également une autre réalité économique fondamentale : sur le marché, le roi n’est pas l’entrepreneur, mais le consommateur.
Le problème des incitatifs
“On devrait reconnaître que le travail est plus productif avec un système où tout le bénéfice, ou une grande part du bénéfice résultant d’un rendement maximum, revient à l’ouvrier. Or avec le système économique actuel c’est précisément cette incitation au travail qui fait défaut. Quand bien même dans une communauté socialiste le travail serait moins intensif que celui d’un paysan travaillant sur ses terres, ou d’un artisan travaillant à son propre compte, il serait vraisemblablement plus productif que le travail d’un ouvrier salarié, qui n’a absolument aucun intérêt personnel à l’entreprise.” — Ludwig von Mises, Socialisme (1922)
Un autre point abordé par Eric Larchêveque est le problème de l’incitation dans l’économie. C’est un problème dont Ludwig von Mises parlait déjà en 1922 dans son livre Socialisme. Dans ce livre, il démontre l’impossibilité du calcul économique sans propriété privée, mais il explique également que l’égalité des salaires est contre-productive.Pourquoi ? Car dans une économie de marché, les salaires reflètent la productivité marginale des individus et la demande de leurs compétences par les entreprises.
Comme les prix sont un signal sur la rareté relative des biens, les salaires sont également un signal sur les compétences et la spécialisation des individus. Une réalité importante et cruciale dans la division du travail. Ainsi, l’égalité des salaires (et même l’existence d’un salaire minimum légal) brouille le signal et empêche une bonne répartition et allocation des talents et compétences dans l’économie.
La conséquence logique est une mauvaise allocation du capital le plus important dans l’économie : le temps humain. La conséquence ? Une baisse globale de la productivité dans la société, et donc une baisse du niveau de vie des individus.
La gestion de la richesse
“Aucun homme n’est compétent pour déclarer que quelque chose rendrait un homme plus heureux ou moins insatisfait.” - Ludwig von Mises, l’Action humaine
Dernier point : le problème de la gestion déléguée de son argent. C’est une vieille leçon économique : l’argent est toujours mieux utilisé par celui qui le gagne et qui le dépense pour lui-même. En demandant aux personnes aisées de se séparer de leur argent pour aider les pauvres, les bonnes âmes ne comprennent pas que cela revient à inciter à la pire des gestions de capital : donner son argent à l’État, qui l’utilisera pour quelqu’un d’autre. On perd en efficacité, on augmente le risque de contrepartie et de corruption.
Dans sa vidéo, Éric Larchevêque aborde également un autre point important : la valeur qu’un individu apporte à son action n’est pas nécessairement financière et monétaire. Une action qui semble irrationnelle à un observateur extérieur peut être parfaitement rationnelle pour l’individu qui l’accomplit, car, comme le dit Mises, la logique économique ne se limite pas à un cadre monétaire et matériel. L’économie que fait un individu de son temps et de son énergie reste un rapport économique dont seul l’individu agissant connaît le coût réel et le bénéfice futur espéré.
Ainsi, le fait de ne pas donner son argent à l’État pour s’occuper des plus démunis ne signifie pas qu’on se désintéresse de leur sort. Un entrepreneur sait qu’il est préférable d’encourager une économie de marché dans laquelle l’individu peut acquérir des compétences et vivre de son travail plutôt que de verser dans l’assistanat systématique.
C’est une vieille leçon : donne un poisson à un homme, il mangera un jour ; apprends-lui à pêcher, il mangera toute sa vie. On en revient à la leçon sur les incitations individuelles : donner à l’individu la capacité de prospérer grâce à ses propres compétences l’incitera lui-même à être plus productif. Additionnées, la somme de ces productivités individuelles ne peut qu’être bénéfique pour le collectif.