Bitcoin is Venice : Ce que la patience des Médicis peut nous apprendre aujourd'hui
Cet article est une traduction d’une section du livre « Bitcoin is Venise », écrit par Allen Farrington et Sacha Mayers et traduite par Edouard, de Konsensus Network.
"Il n'y a rien de nouveau, sauf ce qui a été oublié." - Marie Antoinette
Nous pensons qu'il est intéressant d'observer l'histoire afin d'explorer le rôle du capital sous toutes ses formes, à une époque et dans un lieu où l'investissement était pris au sérieux - pas seulement comme un exercice financier, mais comme le résultat naturel d'une santé spirituelle et communautaire. En ce qui concerne l'épanouissement de la production artistique et l'adhésion à la révolution commerciale sur laquelle cette production reposait, la ville de Florence lors de la Renaissance est une candidate idéale, comme l'aurait probablement apprécié Roger Scruton.
Le commerce est au cœur de l'ascension de Florence au sortir du Moyen Âge, et les institutions républicaines fictives de la ville lui ont conféré une relative stabilité, condition préalable nécessaire à l'accumulation de capital. Bien que les droits de propriété n'échappent pas à l'ingérence des familles les plus riches qui s'en prennent à leurs rivaux, dans l'ensemble, le système florentin offrait aux marchands une protection les uns contre les autres dans leur pays et contre les autres à l'étranger.
En contraste frappant avec son histoire médiévale, Florence était désormais dirigée par une classe de personnes intéressées par les profits commerciaux plutôt que par la conquête de terres. La force était au service du commerce afin de garantir le droit de propriété, de respecter les contrats et de maintenir les routes commerciales ouvertes. L'époque où les familles aristocratiques se disputaient le contrôle des terres arables était révolue. Le symbole de ce nouveau système est la monnaie florentine, le florin. Comme l'explique Paul Strathern :
"La suprématie bancaire de Florence, et la fiabilité de ses banquiers, ont fait que la monnaie de la ville est devenue une institution. Dès 1252, Florence avait émis le fiorino d'oro, contenant cinquante-quatre grains d'or, connu sous le nom de florin. En raison de sa teneur en or invariable (une exception dans les pièces de l'époque) et de son utilisation par les banquiers florentins, le florin a été accepté au cours du XIVe siècle comme une monnaie de référence dans toute l'Europe."
Richard Goldthwaite met en évidence la corrélation entre la beauté de l'architecture, l'épanouissement culturel et la réussite économique, écrivant dans "The Economy Of Renaissance Florence" :
"La meilleure preuve de la réussite de l'économie, cependant, réside dans ses manifestations physiques à l'époque, et celles-ci sont aussi spectaculaires que de telles choses peuvent l'être. En 1252, Florence a frappé son premier florin d'or et, à la fin du siècle, le florin était la monnaie universelle sur les marchés commerciaux et financiers internationaux de toute l'Europe occidentale... En 1296, une nouvelle cathédrale a été conçue et après deux décisions ultérieures visant à en augmenter la taille, elle a été inaugurée à l'achèvement de sa grande copule en 1436. C'était la plus grande cathédrale, et peut-être la plus grande église de toute sorte en Europe. En 1299, les travaux ont commencé sur la grande salle publique de la ville, considérée comme l'un des bâtiments les plus originaux de l'Italie médiévale. La monnaie internationale de référence de l'époque, l'un des plus grand bâtiment européen - qui allait devenir la plus grande cathédrale de la chrétienté, et la présence d’un gouvernement imposant, ne sont pas des indicateurs insignifiants du succès de l'économie florentine à l'époque de Dante et Giotto ."
De cette croissance du commerce sont nées les banques. Les marchands qui échangeaient des marchandises à travers l'Europe contrôlaient de plus en plus d'actifs. Dans le sens exact décrit par Hernando de Soto, le cadre juridique mis en place par les Florentins - et par les autres cités marchandes du nord de l'Italie comme Venise, Pise, Gênes et Sienne - permettait d'utiliser de simples actifs comme capital. Les familles de banquiers comme les Médicis commençaient souvent par un métier, comme la laine, et fournissaient aux marchands concurrents des fonds de roulement. La banque n'était donc pas une activité purement financière, elle restait fermement ancrée dans l'entreprise. Les banquiers florentins étaient avant tout des marchands qui comprenaient le fonctionnement d'une entreprise.
Parmi les grandes familles de banquiers de Florence, et peut-être même d'Italie, de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, aucune ne brille autant que les Médicis. Et pourtant, les trois grandes familles florentines du XIVe siècle, les Acciaiuoli, les Bardi et les Peruzzi, contrôlaient autrefois des banques plus importantes et plus puissantes que les Médicis. Ces derniers n'étaient pas non plus des banquiers particulièrement innovants. Selon Strathern, les Médicis étaient en fait conservateurs dans leur activité :
"Giovanni di Bicci était un homme prudent et préférait consolider. C'était un trait qu'il partageait avec son prédécesseur à la tête du clan Médicis, son parent éloigné Vieri, et il l'a certainement transmis à son fils ; en tant que banquiers, les Médicis ont gagné leur argent par la prudence et l'efficacité, plutôt que par l'innovation. Contrairement à la tradition bancaire, ils n'ont pas inventé la lettre de change, bien qu'ils aient peut-être participé à l'invention de la société holding ; leur succès était basé presque exclusivement sur l'utilisation de techniques éprouvées et fiables mises au point par d'autres. La banque Médicis n'a jamais connu d'expansion rapide, et même à son apogée, elle n'était pas aussi importante que les trois grandes banques florentines du siècle précédent."
Et pourtant, la réussite ou l'innovation financière n'est pas la raison pour laquelle le nom des Médicis a traversé les siècles. Les Médicis étaient des banquiers prospères, bien sûr. Ils ont fait fortune grâce au commerce de la laine en Europe, avec des succursales aussi éloignées que Londres et Bruges. Le contrôle qu'ils exerçaient à la fois sur les comptes papaux et sur le commerce de l'alun, qui avait été monopolisé par Rome, leur permettait de réaliser des bénéfices durables à l'abri de la concurrence. Mais la légende des Médicis est née de l'investissement, non pas dans la banque ou même dans le commerce, mais dans des projets culturels immatériels dont le rendement était impossible à mesurer. Par le biais du mécénat, les Médicis allouaient le capital, accumulé grâce à des activités bancaires méticuleuses et conservatrices, à des projets dont aucun comptable ne pouvait comprendre le sens. Et pourtant, la valeur créée par les Médicis persiste au-delà de celle des familles italiennes les plus prospères.
Parce que les banquiers florentins pouvaient compter sur une monnaie dure pour réaliser des investissements judicieux, ils ont compris la simple vérité qui sous-tend l'accumulation de la richesse. Leurs motivations étaient très simples : ne pas maximiser les flux. Nous dirions que c'est cette compréhension intuitive profonde de la richesse qui a conduit les marchands, en particulier les Médicis, à accumuler du capital culturel en investissant dans les arts et les sciences. En fait, comme le souligne Strathern, les Médicis ont investi dans le capital culturel parce que c'était l'actif le plus durable qu'ils connaissaient :
"Ce n'est que dans ses dernières années que Giovanni di Bicci avait commencé à comprendre que la vie ne se résumait pas à la banque et à ses risques. L'argent pouvait être transformé en beauté éternelle via le mécénat et l’art. Dans l'exercice de ce mécénat, on accédait à un autre monde de valeurs intemporelles, qui semblait exempt de la corruption des autorités religieuses, ou de la politique sournoise du pouvoir et de la banque."
Les Médicis ont investi leur capital financier dans un capital culturel qui leur survivrait à tous, dans une beauté qui reste incomparable, des siècles après l'expiration de toute utilité commerciale éphémère. Cosimo de' Medici le prédit : "Je connais les mœurs de Florence. Dans cinquante ans, nous, les Médicis, aurons été exilés, mais nos bâtiments resteront."
D'une certaine manière, Cosimo était trop optimiste. Les Médicis ont été exilés dans les 30 ans. Mais les bâtiments sont restés, ainsi que le nom des Médicis. Le dôme de Brunelleschi, qui surplombe la cathédrale de Florence, des artistes comme Michel-Ange et Léonard de Vinci qui ont été au cœur même de la Renaissance, qui s'est répandue de Florence dans toute l'Europe, puis dans le monde entier : tous ont une dette de gratitude envers les Médicis.
Robert S. Lopez décrit cet effet social et culturel exceptionnel qui s'est propagé à partir de Florence et de Venise dans les derniers paragraphes de "The Commercial Revolution Of The Middle Ages, 950-1350" :
“Il ne fait aucun doute que de nombreuses personnes se plaignaient du fait que les prêteurs étrangers venaient "avec rien d'autre qu'une plume et un encrier" pour écrire les avances consenties aux rois ou aux paysans sous la forme de simples bons, et qu'en échange de ces gribouillages, ils finissaient par emporter la richesse matérielle du pays. Mais les marchands ont aussi écrit des livres en grand nombre. Ce n'est pas sans raison que le livre le plus copié et le plus lu au XIIIe et au début du XIVe siècle est celui de Marco Polo, où des informations pratiques sur les marchés se mêlent à la romance des voyages, et que le plus grand poème de tout le Moyen Âge fut écrit par un membre enregistré, quoique peu actif, de la guilde florentine des vendeurs d'épices, Dante Alighieri. Les marchands ont également construit des hôtels de ville, des arsenaux, des hôpitaux et des cathédrales. Lorsque la Grande Peste a frappé, Sienne venait de commencer les travaux d'extension de son Duomo enchanteur, afin qu'il surpasse la cathédrale de ses voisins et rivaux commerciaux de Florence.”
Au-delà de la générosité des Médicis, il y avait une profonde compréhension de l'investissement. Bien que les bénéfices culturels ne soient pas aussi clairement mesurables que les rendements financiers, les banquiers comme Cosme de Médicis savaient comment tirer le meilleur parti d'artistes capricieux. Selon Strathern, "Cosimo avait beau être conservateur dans sa pratique bancaire et se conduire consciemment de manière modeste et effacée, il était étonnamment capable de tolérer le comportement le plus extravagant de ses protégés".
Comme Cosimo lui-même l'a exprimé jadis : "Il faut traiter ces personnes au génie extraordinaire comme s'il s'agissait d'esprits célestes, et non comme s'il s'agissait de bêtes de foire".
Le profil de risque de l'investissement culturel rappelle davantage le capital-risque que les activités relativement stables de la banque d'affaires : Beaucoup vont échouer, mais certains pourraient réussir au-delà de vos espérances les plus folles. Accepter l'asymétrie des résultats est la clé du succès.
C'est en alliant à la fois le prêt conservateur et le patronage artistique que les Médicis ont réussi à accumuler d'abord un capital financier, puis un capital culturel comme peu l'ont fait avant ou depuis. Pour cette raison, les trois grands Médicis - Giovanni di Bicci, Cosimo de' Medici et Lorenzo le Magnifique - sont des capitalistes culturels exemplaires, les deux premiers étant également des capitalistes financiers avisés. Ils ont mobilisé des capitaux privés pour faire émerger un environnement de créativité culturelle exceptionnelle. Strathern résume parfaitement le génie des Médicis :
"Le nouvel art avait peut-être besoin de la science, mais il avait aussi besoin d'argent, et celui-ci fut largement fourni par Cosimo, qui, selon un historien admiratif, "semblait déterminé à transformer la Florence médiévale en une ville de la Renaissance entièrement nouvelle". Ce n'est guère exagéré, car Cosimo a financé la construction ou la rénovation de bâtiments allant des palais aux bibliothèques, des églises aux monastères. Lorsque son petit-fils Laurent le Magnifique a examiné les livres de comptes, bien des années plus tard, il a été sidéré par les sommes que Cosimo avait englouties dans ces projets ; les comptes révèlent qu'entre 1434 et 1471, un montant stupéfiant de 663 755 florins d'or a été dépensé... Une telle somme est difficile à replacer dans son contexte ; il suffit de rappeler qu'un peu plus d'un siècle auparavant, l'ensemble des avoirs de la grande Banque Peruzzi à son apogée, accumulés dans les succursales de toute l'Europe occidentale et jusqu'à Chypre et Beyrouth, représentait l'équivalent de 103 000 florins d'or.
"Pourtant, une telle générosité s'appuyait toujours sur une solide pratique bancaire. Un examen des archives de la Banque Médicis montre que si elle a utilisé les instruments financiers les plus efficaces disponibles, elle n'était en aucun cas innovante dans ses pratiques ; elle était plutôt très conservatrice par rapport à d'autres institutions similaires. Ni Giovanni di Bicci ni Cosimo de' Medici n'ont introduit de nouvelles méthodes ou façons de faire des affaires, leur pratique étant entièrement basée sur l'utilisation efficace et prudente de méthodes éprouvées, mises au point par d'autres."
Il peut sembler étrange de plaider en faveur de la santé d'une société de la Renaissance par rapport à la pauvreté relative de la nôtre, en particulier à la lumière des améliorations apportées à presque toutes les mesures sensées de l'épanouissement humain, en lien avec l'exploitation accrue de l'énergie à la suite de la révolution industrielle. Mais notre évaluation de la santé et de la pauvreté est en réalité davantage une question d'attitude que de résultat.
Nous ne pouvons pas influencer la taille du patrimoine dont nous héritons de nos ancêtres ; nous pouvons seulement décider de ce que nous en faisons et de la manière dont nous souhaitons le transmettre à notre tour. L'impératif de cette décision est ancré dans tous les stocks de capital, dans la rareté du temps et de l'énergie. Notre attitude à l'égard de la rareté elle-même est donc à l'origine de ce qu'il adviendra du capital économique, social et culturel. Le comportement dégénéré induit par le système fiat a été d'optimiser l'efficacité, et les résultats sur toutes les formes de capital ont été pour le moins catastrophiques.
Jane Jacobs souligne avec force ce point dans son ouvrage intitulé "Dark Age Ahead", qui porte un titre inquiétant :
"La plus grande folie possible pour une culture est peut-être d'essayer de se transmettre en utilisant des principes d'efficacité. Lorsqu'une culture est assez riche et intrinsèquement assez complexe pour se permettre une redondance de créateurs (nurturers), mais qu'elle les élimine comme une extravagance ou perd leurs services culturels par insouciance, la conséquence est un génocide culturel auto-infligé. Regardez ensuite le cercle vicieux prendre forme".
La célébration nerveuse d'idioties marmonnées et politiquement correctes n'est qu'une des conséquences du génocide culturel dont Jacobs nous a avertis. C'est une conséquence de l'impatience et du ressentiment, et du rejet des principes auxquels les Médicis adhéraient, à savoir que la création de capital culturel est l'investissement le plus sûr de tous. Car quel est son "rendement" ? Quel est son "profil de risque" ? Trouver et financer un Brunelleschi peut être une chance sur mille ou une chance sur un million.
Il faut parfois des décennies pour que l'investissement ne soit rentable, le talent étant cultivé jusqu'à la possibilité d'un remboursement concevable du capital, si un tel calcul douteux est jugé utile. Le choc, en revanche, est instantané et garanti. N'importe quel amateur sans talent peut choquer un public qui s'attend à du mérite en ne produisant rien d’autre qu’un divertissement futile et grossier. Et qu'en est-il des traits de caractère insufflés par une telle ordure implacable, rancunière, impatiente, fallacieuse, vivant de mensonges ? Quelles peuvent être les conséquences de l'abandon de la difficulté de la recherche de la vérité sociale pour la facilité de l’isolement et de la victimisation ? Quelles seront les conséquences pour la santé mentale ? Produirons-nous des hommes et des femmes forts, capables d'affronter l'incertitude fondamentale de la vie, armés de la capacité de générer des connaissances pratiques ? Produirons-nous des communautés solides et un esprit civique ? Produirons-nous la vérité, la bonté ou la beauté ? Produirons-nous de la connaissance ?
Non, nous ne le ferons pas.
Nous produirons des narcissiques, facilement manipulés par l'avidité et la peur, enclins au solipsisme, à l'irrationalité, à la dépendance, à la fragilité et à la panique, dont les incitations sont tellement faussées qu'elles font de l'égoïsme une nécessité de la vie sociale et de la survie ; optimisés pour l'exploitation du capital et pas grand-chose d'autre. Ces derniers gaspilleront les ressources des institutions habituellement dédiées à l'entretien, au renouvellement et à la croissance du capital, en les détournant et les réaffectant dans des activités futiles et narcissiques. Dans "The Culture Of Narcissism", Christopher Lasch l'avait prédit :
"Les institutions de transmission culturelle (école, église, famille), dont on aurait pu attendre qu'elles contrent la tendance narcissique de notre culture, ont au contraire été façonnées à son image, tandis qu'un corpus croissant de théories progressistes justifie cette capitulation au motif que ces institutions servent mieux la société lorsqu'elles en sont le reflet. La spirale négative de l'éducation publique se poursuit donc : dilution constante des normes intellectuelles au nom de la pertinence et d'autres slogans progressistes ; abandon des langues étrangères ; abandon de l'histoire au profit des "problèmes sociaux" ; et recul général de toute forme de discipline intellectuelle, souvent rendu nécessaire par le besoin de formes plus rudimentaires de discipline afin de maintenir des normes minimales de sécurité."
Le rejet des grands arts et de la littérature - que ce soit pour des raisons de "sentimentalité bourgeoise" à une époque, de cynisme ironique à la mode à une autre, d'"inutilité" et de préférence pour les "problèmes sociaux" à une autre encore - n'est guère différent de la confiscation du capital physique : cela rompt le lien avec le passé et nous rend incapables d'apprendre de l'expérience cumulée de nos communautés. Cela nous rend à la fois dépendants et isolés. La véritable tragédie de l'appropriation politique du capital productif n'est pas tant la violence du vol, mais le rendement avorté qui aurait pu découler de l'actif parce que le contrôle est transféré à ceux qui n'ont aucune idée de ce qu'ils font. Ils n'ont ni les connaissances ni les compétences nécessaires pour reconstituer le capital, et encore moins pour continuer à en récolter les fruits.
Cette séparation du contrôle et de la connaissance, la destruction du temps patiemment emmagasiné, la désaffection de la volonté de risquer et de se sacrifier pour construire, entraîneront un parallèle douloureux avec l'effondrement de la spirale de la dette : l'effondrement de la spirale de la connaissance de la manière de faire les choses. Nous devrons les redécouvrir. Cela ne sera pas agréable.
Traduction : Edouard de konsensus.network - sur X @edouard_knw
Article original et complet : https://bitcoinmagazine.com/culture/bitcoin-is-the-patient-path
Review du livre par Théo Mogenet : https://bitcoinmagazine.com/culture/bitcoin-is-venice-book-review